Kan ar bobl / Le chant du peuple

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En ce pays, âmes damnées, vous refusez l’éternel sommeil. Quand sonne le glas dans les brumes léchant les flots noirs, quand ressurgissent les rives spectrales des citées englouties. En ce pays, enfants d’Elfinesse, les corolles de fleurs sous les sylves d’émeraude frémissent quand dansent vos pieds légers. En ce pays gambadent pourvoyeurs de mort et génies créateurs, du silence solennel des tertres au timbre cristallin des fontaines.

Et par la bouche de son peuple s’extirpe la geste des héros d’antan. Guerriers somptueux en quête de chimères sur ces palabres fantastiques chevauchant, insufflant la vie à l’acier de leurs armes. Ceux qui ne voient plus, iris voilé par tant d’années vécues, chantent les périls et la hardiesse des valeureux. Intrépides conquérants attisés par vierges contrées, la beauté de leurs flancs prometteurs !

Que rêvent encore nos enfants, les doigts effleurant la bruyère des landes, caressant le grain brut et froid des pierres levées, regards envoûtés par le ballet des astres. Que les plaies d’amour de leurs aïeux, sur leurs lèvres s’amendent en doux fleuves de miel. Que le sang versé les maintiennent debout, fiers et remarquables. Qu’ils soient la sève des mythes anciens ! Que rêvent encore nos enfants, la tête posée sur le giron de leur histoire, sereins, empreints de gratitude, semence flamboyante du fertile devenir.