Ar galon digor

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Un rêve, par delà les sylves infinies et la peau brune de nos terres.

Un rêve, dans ces contrées légendaires, loin de mes mornes plaines.

Un rêve que je ne ferai plus, qui, en silence, passera, brume dispersée.

Tu n’existes qu’en ce rêve, dis moi qu’il ne s’agit que d’un rêve. Un rêve animé par le souffle. Un rêve fait de chair et de sang. Me laissant étendue, les mains vides, le cœur ouvert, ar galon digor.

Dès lors que j’entendrai les pas de l’Ankou, je saurai. Ces vastes paysages, tantôt caressés, tantôt dépecés par la mer, seront encore là et les pierres immuables garderont éternellement nôtre monde. Mais toi, tu danseras, poussière dans le vent, pour te poser doucement là où germe l’arbre qui en mon âme s’enracine.

Et les enfants de nos enfants viendront y pleurer. Ils diront : " voici celle qui est partie avant l’heure et qui a tué l’amour. Elle marchait, mais attendait de trépasser. Il lui fallut errer longtemps, se persuadant qu’elle n’avait fait qu’un joli songe."

Et les enfants de nos enfants viendront y méditer. Ils diront :" voici celui qui savait raison garder et qui a tué l’amour. Il aimait peut-être mais bâtissait enfin solidement. Il ne s’est pas retourné, sachant qu’il ne pourrait donner plus ailleurs."

Dès lors qu’ils verront la face de Lug à l’aube, ils sauront. La lumière du ciel, refuge de tous les Dieux, d’un jour à l’autre aura déjà changé. Et quand viendra la nuit, le passage des blanches Dames troublera toujours l’eau des sources. Mais eux, ils joueront, sel de nos terres, pour finalement se reposer là où subsiste le souvenir.

Car tu n’étais pas de ce rêve, par delà les sylves infinies et la peau brune de nos terres.

Tu n’étais pas de ce rêve, dans ces contrées légendaires, loin de mes mornes plaines.

Ce n’était pas un rêve que je ne ferai plus, qui, en silence, passera, brume dispersée.

Un rêve animé par le souffle. Un rêve fait de chair et de sang. Me laissant étendue, les mains vides, le cœur ouvert, ar galon digor.

Ma bran, c’hoazh me zo sod ganit, d’eoc’h da virviken.