Ad perpetuam memoriam
Les miroirs semblent opaques A ceux qui nous tourmentent. Le langage sibyllin, Les élans insondables. Amers des mille lumières désertes de leurs cœurs.
Impérissable, implacable, Immaculée demeure en mon âme. Passées les portes d’airain, Un sanctuaire d’amour. Vertigineuses murailles Ne trembleront jamais.
Je ne possédais rien, Ni or, ni perles, ambre ou cornaline. Juste les rayons du soleil En l’écrin des sous-bois. Pas d’encens sinon leurs parfums Et ceux de ta peau.
Les vallées bleues, Les hameaux nimbés par l’aurore. Combien de pays à sillonner Que nos pas jamais ne fouleront ensemble ! Je dois cadenasser les rêves perdus, Ces ruines dans une châsse blême.
Jetée la clé des jardins ! Où mille secrets furent avoués, Chuchotés sous les alcôves intimes. Un royaume de souvenirs. Aux pieds d’un trône vide, Que faire sinon se blottir ?
Des havres, des éthers Et des lunes, des lunes encore. Mélancolie, ô ambivalente muse Qui incarne mes soupirs En nautoniers fantômes Des épaves endormies.
A saisir, secourir, Une main, un corps las. Les cataractes vermeilles Des plaies à sceller en douceur. S’il me faut réapprendre à marcher, Alors, enlacée, je le ferai.
Je ne t’oublierai point Sur l’autel allouée de nouveau. Je me retournerai. Un doigt posé sur mes lèvres, Mon regard te cherchera. Mémorable, indomptable alliance.
Je me retournerai.